> STATUT DES PROSTERNATIONS COMPENSATOIRE

Publié le par Al Ihsane

D. Statut des prosternations compensatoires.

On peut dès lors se poser la question de savoir à quel moment ces prosternations sont obligatoires (Wâjib) et dans quels cas elles sont conseillées (Mustahabb). Nous dirons donc :

1.      Elles ont un caractère obligatoire pour tout acte ou parole faisant partie intégrante de la prière et dont la suppression ou la réalisation volontaire entraîne son annulation.

·         Exemple 1 : Une personne omet de dire « Rabbî-ghfir Lî » entre les deux prosternations. Elle est alors dans l’obligation d’effectuer deux prosternations compensatoires, car si elle ne disait pas cette invocation délibérément, sa prière serait nulle.

·         Exemple 2 : De même, si elle omet de réciter la Fâtiha, elle est dans l’obligation de se prosterner deux fois et doit, en plus, rattraper le pilier qu’elle a omis.

·         Exemple 3 : Enfin, si elle oublie le premier Tashahhud, elle est dans l’obligation de se prosterner deux fois, mais ne rattrape pas cette fois ce qu’elle a omis. Ce qui s’explique par le fait que les obligations (en l’occurrence le premier Tashahhud) tombent à cause de l’omission.

2.      Elles sont conseillées pour tout acte ou parole faisant partie intégrante de la prière et dont la suppression ou la réalisation volontaire n’entraîne pas son annulation.

·         Exemple 1 : Une personne qui omet de réciter l’invocation d’ouverture (Du‘â Al Istiftâh) n’est pas dans l’obligation d’accomplir deux prosternations compensatoires, puisque l’omission volontaire de cette invocation n’annule pas la prière. Ces prosternations sont, dans ce cas, seulement conseillées.

·         Exemple 2 : De même, il est conseillé, mais pas obligatoire, à une personne qui a récité le Coran en lieu et place du Tashahhud de se prosterner à titre compensatoire. En effet, même accompli volontairement, cet acte n’annule pas la prière.

E. Règles générales.

1.      En cas d’ajout, les prosternations compensatoires ont lieu après le salut final.

2.      En cas d’omission, les prosternations compensatoires ont lieu avant le salut final.

3.      En cas de doute, si l’on fait prévaloir une probabilité sur l’autre, on se base sur celle qui prévaut et on effectue deux prosternations compensatoires après le salut final. Par contre, si aucune des deux probabilités ne prévaut, on se base sur ce dont on est certain et on effectue deux prosternations compensatoires avant le salut final.

Avertissement : Les deux prosternations compensatoires qui ont lieu avant le salut final, lorsque l’on ne les accomplit pas, annulent la prière, contrairement à celles qui surviennent après le salut final. Il y a en effet une différence de statut entre ces deux pratiques. Les prosternations d’avant le salut final sont ainsi une « obligation dans la prière » (Wâjib Fî As-Salât), car elles ont lieu avant la fin de celle-ci, alors que celles situées après le salut sont une « obligation pour la prière » (Wâjib Lî As-Salât), car elles ont lieu après la fin de celle-ci. Par conséquent, la salât est annulée dès lors que l’on n’accomplit pas volontairement une obligation qui en fait partie intégrante, mais ne l’est pas dans le cas d’une « obligation pour la prière ».

Exemple : La prière de celui qui ne réalise pas volontairement le premier Tashahhud est annulée, car elle a alors délaissée une « obligation dans la salât ». Par contre, si elle n’accomplit pas, toujours volontairement, le second appel à la prière (Al Iqâma), celle-ci reste valable, car elle a dans ce cas délaissée une « obligation pour la salât ».


F. L’oubli des prosternations compensatoires. En cas d’oubli de ces deux prosternations, on distinguera deux situations :

1.      Soit la personne concernée s’aperçoit de cette omission immédiatement ou peu de temps après la prière, auquel cas elle les accomplira à ce moment, bien qu’elle ait déjà salué.

2.      Soit elle ne s’en rend compte que longtemps après, auquel cas elle ne les effectuera pas, sa prière restant alors correcte.

Exemple : Une personne oublie le premier Tashahhud et doit alors se prosterner deux fois avant le salut final. Si elle omet de le faire et si elle s’en rend compte dans un court laps de temps, alors elle se prosterne deux fois. Par contre, si elle s’en rend compte longtemps après ou après être sorti de la mosquée, elle n’a pas à y retourner pour s’en acquitter.

G. Répétition des omissions.

Lorsque plusieurs erreurs, nécessitant chacune de se prosterner à titre compensatoire, surviennent dans la prière, deux prosternations suffisent.

Exemple : Une personne omet successivement de dire « Subhâna Rabbî Al ‘Azîm » dans l’inclinaison, le premier Tashahhud, et « Subhâna Rabbî Al A‘lâ » dans la prosternation. Bien que chacune de ces omissions nécessite deux prosternations compensatoires, on ne se prosternera ici que deux fois.

Il peut par ailleurs se produire qu’une même prière comporte des omissions nécessitant de se prosterner deux fois avant le salut final et d’autres nécessitant de se prosterner après celui-ci. Dans ce cas, on fait prévaloir les prosternations compensatoires survenant avant le salut final. Cependant, s’il y a plus de raisons impliquant de se prosterner après le salut qu’avant, on fera alors prévaloir celles dont le nombre est supérieur.

Exemple 1 : Une personne accomplit le salut final avant d’achever sa prière, deux inclinaisons dans la même rak‘at, puis omet le premier Tashahhud. Nous avons donc ici deux raisons qui nécessitent de se prosterner après le salut final (l’ajout du salut et d’une inclinaison) et une seule nécessitant de se prosterner avant (l’omission du premier Tashahhud). Dans ce cas, on fera prévaloir les prosternations survenant après le salut final.

Exemple 2 : Une personne s’incline deux fois dans la même rak‘at, omet de dire « Subhâna Rabbî Al ‘Azîm » lors de l’inclinaison, ainsi que « Subhâna Rabbî Al A‘lâ » dans la prosternation. Nous avons donc là deux causes impliquant deux prosternations compensatoires avant le salut (l’omission de « Subhâna Rabbî Al ‘Azîm » et de « Subhâna Rabbî Al A‘lâ ») et une seule nécessitant de se prosterner après (l’ajout d’une inclinaison). On fera alors prévaloir les prosternations survenant avant le salut final.


H. En cas de prière derrière un Imâm.

Une personne assistant, depuis le début, à une prière derrière un Imâm n’a de prosternations compensatoires à effectuer que si l’Imâm en effectue.

Exemple : Une personne omet de dire « Subhâna Rabbî Al ‘Azîm » dans l’inclinaison n’a pas à se prosterner à titre compensatoire, car lorsque l’Imâm prononcera le salut final, elle est contrainte de le suivre. Elle ne peut donc pas effectuer deux prosternations compensatoires puis saluer. Cependant, si elle intègre la prière derrière un Imâm avec au moins une rak‘at de retard et si elle omet de dire « Subhâna Rabbî Al ‘Azîm » dans l’inclinaison, alors elle doit se lever -après le salut final de l’Imâm- pour rattraper son retard et accomplir ces deux prosternations avant son salut final pour l’obligation qu’elle a omise. Elle se prosternera donc deux fois avant de saluer dans la rak‘at qu’elle est en train de rattraper.

Par ailleurs, que ce soit avant ou après le salut final, si l’Imâm accomplit deux prosternations compensatoires, toute personne qui prie derrière lui doit également les faire, même si elle n’a commis ni ajout ni omission ou nourri un doute.

Exemple : L’Imâm omet de dire « Subhâna Rabbî Al A‘lâ » dans la prosternation et accomplit par conséquent deux prosternations compensatoires. Bien qu’elles ne soient évidemment pas au courant de cette oubli -puisque l’Imâm ne prononce pas ce Tasbîh à voix haute- les personnes qui se tiennent derrière doivent suivre leur Imâm et ce, même si elles n’ont rien omis personnellement.

Autre cas de figure : Une personne arrive en retard et intègre le groupe lors de la seconde rak‘at. Durant cette même rak‘at, l’Imâm fait un ajout (il s’incline deux fois, par exemple) et s’apprête par conséquent à se prosterner deux fois après le salut final. La personne arrivée en retard ne peut saluer directement puisqu’elle doit se relever afin de rattraper la rak‘at qui lui manque. Elle la rattrapera donc, suite à quoi elle rattrape -après avoir salué- les deux prosternations compensatoires de l’Imâm, étant donné qu’elle a assisté avec ce dernier à l’ajout en question.

Supposons par contre qu’elle intègre la prière lors de la seconde rak‘at et que l’ajout de l’Imâm est survenu durant la première (il s’incline là encore deux fois). Ce dernier se prosternera donc deux fois à titre compensatoire après le salut final. Quant à elle, n’ayant pas assisté à cet ajout, elle se lèvera afin de rattraper la rak‘at qu’elle a manquée mais n’aura pas à se prosterner deux fois après le salut final.


I. Existence d’une divergence quant au statut des prosternations compensatoires.

Cela peut survenir lorsque l’Imâm ne considère pas les prosternations compensatoires obligatoires pour une omission donnée [23], alors qu’elles le sont dans l’esprit d’une personne priant derrière lui. Dans ce cas, si l’Imâm ne les accomplit pas, la personne en question n’a pas à les faire, bien qu’elle les considère obligatoires. Par contre, si l’on prie derrière un Imâm qui juge ces prosternations obligatoires, mais ne les accomplit pas, alors on les lui rappelle. S’il insiste et reste sur sa position, celui qui prie derrière lui les effectuera seul.

Autre situation : Si l’Imâm se lève pour entamer une cinquième rak‘at, il est du devoir de ceux qui prient derrière lui de l’avertir de son erreur en lui disant « Subhânallah ». Et il est de celui de l’Imâm de revenir s’il entend au moins deux personnes dignes de confiance lui prononcer ces mots. Si donc il est certain d’avoir raison, il reste sur sa position. Mais s’il n’en est pas certain et ne fait pas machine arrière, sa prière n’est plus valable. En effet, un Imâm entendant le Tasbîh [24] de deux personnes dignes de confiance priant derrière lui se trouve nécessairement dans l’une des cinq situations suivantes :

1.      Il est sûr de lui, auquel cas il poursuit sa salât et ne tient pas compte de leur Tasbîh.

2.      Il est certain que ces personnes ont raison et fait alors machine arrière.

3.      Il a un doute, mais penche plus vers la position de ceux qui l’ont averti par ce Tasbîh, auquel cas il revient également sur ses pas.

4.      Il a un doute, mais penche plus vers le fait que ceux qui l’ont averti par ce Tasbîh se trompent, auquel cas il poursuit sa prière.

5.      Il a un doute, mais ne penche ni pour l’une ni pour l’autre. Dans ce cas, il se basera sur la position de ces personnes et fera machine arrière.

Par ailleurs, dans le cas où l’Imâm entame une cinquième rak‘at mais ne revient pas sur ses pas après avoir été averti par un Tasbîh, ceux qui prient derrière lui se trouvent dans l’une des quatre situations suivantes :

1.      Ils pensent que c’est l’Imâm, et non ceux qui l’ont averti par le Tasbîh, qui a raison. Dans ce cas, leur prière est correcte.

2.      Ils pensent que l’Imâm se trompe mais le suivent, soit par ignorance, soit par oubli. Ils sont alors excusés pour leur ignorance ou leur oubli et leur salât reste valable.

3.      Ils savent que l’Imâm se trompe mais le suivent malgré tout, auquel cas leur prière n’est plus valable.

4.      Ils savent que l’Imâm se trompe et ne se lèvent pas avec lui. Ils accomplissent alors le Tashahhud et le salut final et quittent la salât avec l’Imâm, car ils considèrent que la prière de celui-ci n’est plus valable. Dans ce cas, leur prière est correcte.

Post-Scriptum :

Source : Résumée du chapitre intitulé « Sujûd As-Sahw » du livre « Ash-Sharh Al Mumti‘ ‘Alâ Zâd Al Mustaqna‘ » Sounna.com

Auteur : Sheikh Al ‘Uthaymîn (Qu’Allah lui fasse miséricorde)

Traduction : Abû Hafsa

Notes :

[1] Sourate La Famille de ‘Imrân, verset 102. [2] Sourate Les Femmes, verset 1.

[3] Sourate Les Coalisés, verset 70-71. [4] [5] C’est-à-dire : « correct ».

[6] Terme qui désigne l’avis qui « prévaut ».[7] Terme désignant l’avis « le plus proche de la vérité ». [8] Terme désignant l’avis « le plus prudent ».[9] Pluriel de « Shart ».

[10] Pluriel de « Rukn ». [11] C’est-à-dire : « Allahu Akbar ».[12] La première sourate du Coran. [13] Dire, par exemple : « A‘ûdhu Billâhi Min Ash-Shaytân Ar-Rajîm ».

[14] Dire : « Bismillâhi Ar-Rahmân Ar-Rahîm ». [15] Dire : « Âmîn », après la récitation de la Fâtiha. [16] Le terme « As-Sahw » désigne, littéralement : « La distraction ».

[17] C’est pourquoi nous choisirons de traduire l’expression « Sujûd As-Sahw » par « prosternations compensatoires ».

[18] C’est, par exemple, le cas d’une personne qui apprend la mort de quelqu’un pendant sa prière et se met à pleurer ou à sangloter.

[19] Ce qui peut, par exemple, survenir lorsqu’un insecte se pose sur la main d’une personne en prière. Si celle-ci souffle dessus pour l’éloigner au lieu de le repousser avec sa min de crainte de le tuer ou de l’écraser, sa prière reste valable.

[20] Exemple : Une personne est en prière et voici qu’une autre lui demande la permission d’entrer. La première toussote alors pour lui signifier de patienter.

[21] A moins que l’on fasse prévaloir sa réalisation ; auquel cas on considère qu’il a été accompli, mais on se prosterne quand même deux fois à titre compensatoire.

[22] A moins que l’on penche pour sa réalisation effective ; auquel cas, on considère qu’elle a été accomplie et il n’y a pas de prosternations compensatoires.

[23] A l’instar de l’école shâfi‘ite pour qui ces prosternations ne sont que conseillées (sunna) en cas d’omission du premier Tashahhud.[24] C’est-à-dire : « Subhânallah ».

 

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